Jean-Christophe Emery

Travailler en Eglise me permet de poursuivre une quête personnelle et de partager l'élan qui m'anime.
« La vocation, c’est le choix de me dire que ce que je fais maintenant n’est pas tout à fait mon choix. » Et Dieu sait s’il en a fait des choses, Jean-Christophe Emery. Son parcours de vie est à son image : foisonnant, riche, laissant une large place à la créativité et à l’humour comme à l’analyse et la réflexion. S’asseoir avec lui sur un banc un soir d’été revient à s’embarquer pour différents voyages au cœur de la foi chrétienne, de l’Eglise, de l’art de communiquer et de la spiritualité au sens large.

Il voit sa vie jusqu’ici comme une succession d’engagements et de dégagements. Engagement d’abord en tant qu’ado au sein de groupes de jeunes, mais aussi comme organisateur de soirées festives et rédacteur d’un petit journal. Vient ensuite un temps de mise à distance bienvenu, celui des études : deux ans en sciences de l’éducation à l’Université de Genève, suivis d’un cursus complet en théologie à l’Université de Lausanne. Puis il est à nouveau temps d’entreprendre : Jean-Christophe devient pasteur jeunesse dans une Eglise évangélique de Morges, et le restera pendant huit ans. Toujours poussé par le même désir de transmettre, il continuera son parcours atypique par une nouvelle phase de détachement, cette fois-ci à la radio où il travaillera pour RTSreligion comme producteur de l’émission Hautes fréquences. 
Le besoin de dégagement se comprend de la part d’un homme doté d’une aisance intellectuelle évidente et d’un certain plaisir à analyser, à déconstruire. Mais d’où vient cet élan qui le porte à se retrousser ses manches pour l’Eglise ? « Au cœur du christianisme, il y a un paradoxe. Dieu ne peut pas être homme, et pourtant c’est au centre du message. Ce paradoxe renvoie à celui de l’être humain, qui peut incarner le meilleur et le pire à la fois. Cet héritage chrétien est une sagesse parmi les sagesses. Il faut la transmettre ! » C’est notamment ce paradoxe qui le fera venir dans l’Eglise réformée. Jean-Christophe confie en effet que les schémas évangéliques étaient performants pour le retirer d’un quotidien terne, mais qu’ils ne faisaient pas écho à sa fragilité.

Depuis 2013, le voilà donc à nouveau dans l’engagement, au sein de l’EERV cette fois-ci. Il fonde avec d’autres le Labo Khi, une plateforme qui réfléchit au devenir de l’Eglise. En faisant des propositions adaptées et argumentées aux différents acteurs, en mettant les gens en réseau, l’idée est de promouvoir la créativité et la liberté spirituelles à tous niveaux. « Mon rôle, c’est de transmettre l’espérance. Il y a une vraie puissance de vie dans l’Evangile et dans la tradition chrétienne, souvent mal comprise et sous-estimée. » En plus de son activité au Labo Khi, sa passion de la transmission le conduira en 2016 à prendre les rênes de Cèdres formation, qui propose à tous les intéressés d’ « oser la théologie » grâce à des conférences, une revue et le séminaire de culture théologique notamment. 
Sous son apparente assurance et son optimisme revendiqué, Jean-Christophe évoque aussi une certaine vulnérabilité avec délicatesse mais sans se dérober. « Ma vocation peut se vérifier par les fruits qu’elle porte, mais pas seulement. Il est important de se souvenir que la vocation ne se mesure pas à ses éventuels succès. Elle est sujette à mes limites, à mes échecs et à ma fragilité. » Ce n’est sans doute pas sans lien avec cette fragilité que Jean-Christophe se repose quotidiennement sur la méditation, découverte en 2014 au détour d’un reportage. « Pour moi, la méditation devrait être une priorité pour l’Eglise. C’est une spiritualité incarnée. Quand je médite, je ne suis pas déconnecté de la réalité, mais je m’émerveille devant la vie et devant l’autre qui est un frère ou une sœur, une créature de Dieu. »
La vie, justement, revient souvent dans la bouche de cet insatiable curieux. S’il n’avait qu’un vœu pour l’Eglise, ce serait ceci : « Est-ce qu’on ne pourrait pas imaginer l’Eglise comme une école de vie ? Non pas d’abord comme un lieu de d’épanouissement, mais un lieu pour apprendre à vivre. Toutes les expériences nous confrontent à des choses différentes et nous ramènent à notre humilité comme à notre détermination. » Mais la vie se vit aussi sur un autre plan pour celui qui met au cœur de sa spiritualité le souffle qui connecte à l’intériorité et à l’extraordinaire trésor qui s’y cache : « Je mets en lien avec la grâce cette idée que la vie qui coule au fond de moi est bonne et belle. Plus je traverse des tempêtes, plus je découvre sa force. Il y a une énergie qui ne demande qu’à se développer et à être partagée. » A l’entendre en parler, on se dit qu’elle le portera encore loin et longtemps.
Load More
Fail to load posts. Try to refresh page.