Marie-Claude Baatard

Etre pasteur c'est le bonheur de la rencontre et l'envie de transmettre le goût de Dieu.
«Bonjour!» Le premier mot échangé serait un mot banal, si Marie-Claude n’y avait pas mis son sourire et la joie de la rencontre. Certaines personnes arrivent à créer tout un monde de tendresse dans deux syllabes, à nouer le lien par une salutation. Elle est de ceux-là, la pasteure de la paroisse de la Sallaz – les Croisettes. Au travers de son regard pétillant et rieur, l’on devine, plus profond, une bienveillance fondamentale à l’égard de chacune et de chacun.
L’aspiration de rencontrer et d’aider les gens remonte à son enfance. Marie-Claude se souvient d’un livre pour ado particulièrement marquant, dont l’héroïne est une assistante sociale qui vole au secours des plus démunis. Cela imprime en elle une envie qui perdure encore. Engagée dans l’Eglise depuis toujours, elle se tourne assez naturellement vers les études de théologie à la fin du gymnase, poussée par son élan vers l’autre, mais aussi par son esprit un brin subversif: «Le pastorat était encore assez masculin. Ça me plaisait de faire quelque chose qui tranchait.» Pour raconter sa vocation, Marie-Claude ne parle donc pas d’une révélation ou d’une grande réflexion. «D’une certaine manière, c’est comme une personne qui pratique la musique depuis toujours, et qui décide d’en faire son métier. Moi, j’ai fait mon métier de ce que j’aime vivre… ce qui fait que je n’ai pas toujours l’impression de travailler!»
Son ministère, elle le vit comme une disponibilité offerte à tous et en toute humilité.
Elle se souvient d’une expérience lors de laquelle elle s’est sentie démunie mais profondément en lien: «Au CHUV, j’ai été appelée pour baptiser un nouveau-né très prématuré et dont le pronostic vital était engagé. J’ai réalisé que la question n’était pas de faire juste, mais d’être avec, de rejoindre. Il fallait que je trouve les mots à dire à ce tout petit bébé qui allait vers la mort, des mots qui n’étaient pas de l’ordre de la liturgie mais du partage de ma foi. J’avais alors l’impression d’être dans mon ministère tel que je voulais le vivre.» Des moments comme celui-là lui permettent de vivre en communion une «humanité recueillie en Dieu». Et c’est là un fondamental de sa foi. «J’essaie de faire voir aux autres l’accueil inconditionnel de Dieu. Je veux leur indiquer un chemin où ils puissent aller sans craindre de ne pas être à la hauteur. Pour cela, il faut une disposition intérieure et un accueil de moi-même que je peux travailler, pas pour mon bien-être, mais pour ouvrir les bras sans avoir peur.»
Pour Marie-Claude, le ministère idéal ressemblerait au modèle du prêtre ouvrier: bosser avec les gens dans les mêmes conditions, au même endroit, aux mêmes heures, et être porteur d’une parole de vie sous la forme d’un accompagnement. 
«Pour moi le métier de pasteur, c’est être au côté des gens avec notre spécificité de formation, et apporter un angle de vue, une interpellation, une ouverture, une espérance liée à la foi dans le Dieu de Jésus-Christ.» Et l’Eglise idéale, alors? «J’espère que l’Eglise continuera à être un lieu de bienvenue pour quiconque, pas seulement par les mots, mais en adoptant l’attitude et la posture du Christ. Un lieu où l’on puisse redonner le goût de la Bible, qui est celui de la dignité retrouvée. Et il y a tant de manières de le faire! Ouverture, pétillement, audace… Le seul risque, c’est de se cacher par peur de déplaire.»
Marie-Claude ajoute après un temps de réflexion: «Je souhaiterais que l’Eglise puisse être un lieu où l’on rit, un lieu où être bien dans son cœur et dans son corps.» Un souhait qui ne surprend pas de la part d’une femme pleine d’autodérision – et Dieu sait si la capacité à rire de soi est la grâce de ceux qui ont appris à se connaître et à s’accepter. «Parfois, je me dis que je joue vraiment au ravi de la crèche… Mais au fond, je ne me force pas beaucoup. J’ai un regard d’émerveillement. Pas de béatitude. Je vois les choses tordues et difficiles, mais j’ai aussi envie de voir le tissage de Dieu chez l’autre et dans la nature. Cela me fait un bien immense.» Et elle termine sur un ton sans réplique: «J’ai envie que les gens s’émerveillent d’eux-mêmes, parce qu’il y a de quoi.»
Load More
Fail to load posts. Try to refresh page.