Olivier Rosselet

Etre pasteur me permet d'allier ce que je suis avec ce que je fais professionnellement.
En franchissant le porche de pierre qui mène au jardin de la cure de Palézieux-Village, mon regard tombe sur d’étranges sculptures de bois. Une roue de foire, une sorte de cheval d’arçon, des planches parfois peintes, des cordes et divers objets qui nous amènent un univers qu’on imagine ludique et joyeux.
Le pasteur Olivier Rosselet nous présente fièrement sa collection de jeux qu’il exploite dans son ministère. Il se plaît à en souligner le côté gratuit et non compétitif qui permet à des personnes de tous âges de partager le plaisir de la rencontre. Cet amour du jeu, il le cultive depuis longtemps en couple et entre amis. Le ton de la conversation est léger, enthousiaste et appliqué. On sent chez lui le désir de trouver la bonne formule pour décrire son itinéraire. Ce dernier s’oriente tout d’abord vers l’informatique: «je n’avais pas de passion particulière et la promesse d’avoir une bonne situation a fait le reste». Pourtant, après quelques années, il souffre d’un manque de relations humaines. Ses engagements bénévoles lui donnent le goût de l’Église. Un congé sabbatique marque alors un tournant décisif: «Avant de me marier, j’ai donné six mois de ma vie à Dieu» explique-t-il. Il découvre le Togo, le Burkina Faso et le Mali avec Jeunesse en Mission. Une fois de retour, il se verrait bien pasteur.
Sa famille issue de l’Église libre et sa spiritualité confessante l’orientent vers un institut évangélique. Mais il hésite et son cœur bat plutôt pour l’Église réformée. Un obstacle de taille barre pourtant sa route: il n’a pas de baccalauréat ce qui lui ferme les portes de l’Université. Il pense donc devenir diacre, la formation est moins exigeante. Lorsqu’il se renseigne, un responsable de formation lui lance alors «si tu veux travailler en paroisse, tu ferais mieux de devenir pasteur». Il découvre qu’il peut entrer en théologie sur dossier. Sans plus attendre, il s’engage pour quatre années de travail acharné, soutenu par son épouse qui offre la stabilité financière au ménage. Son premier ministère lui va à ravir. Lui qui aime les montagnes, la nature et l’ornithologie se voit attribuer un poste au Pays-d'Enhaut. Quatorze années durant lesquelles son engagement s’affermit et se transforme peu à peu. Au début, certains symboles lui semblent lourds. «J’avais de la peine à envisage d’habiter dans une cure et de porter la robe noire» confie-t-il. «Les services funèbres qui arrivent toujours à l’improviste me mettaient en colère». Aujourd’hui, on le sent apaisé et même heureux à l’idée de célébrer un enterrement: «Il y a quelque chose d’authentique, l’Église est vraiment attendue et je peux être porteur d’espoir et annoncer que la vie est plus forte que la mort.»
Ses angoisses d’antan, son manque d’assurance, ses freins intérieurs, il s’en souvient avec une parole de reconnaissance pour le chemin parcouru. Il se remémore alors ce verset de la Bible qu’un pasteur, consulté au sujet du métier, lui avait lu: «ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisi». Cette parole de Jésus à l’égard de ses disciples lui parle encore aujourd’hui. Des remerciements, il en formule aussi à l’endroit de Véronique, son épouse, dont il aime à souligner la disponibilité et l’importance pour son ministère. Elle lui permet de prendre de la distance, de se recentrer, de faire face à une charge qui s’alourdit et à un agenda qui réduit sa marge de créativité. «Alors que l’Église allait de soi pour les gens, il nous arrive de devoir la défendre publiquement. Cela me pèse parfois.» Oui, les changements de société l’affectent et on le sent préoccupé par l’avenir du métier. Il se plonge alors dans la lecture de Pierre Rabhi et il rêve de décroissance, de simplicité volontaire et de mise en valeur de l’essentiel. Le feu sacré reprend de la vigueur lorsqu’il raconte l’organisation d’un cours pour les couples ou celle d’un catéchisme sur le modèle des cours Alphalive avec une grande équipe de bénévoles. Dans un grand sourire, Olivier Rosselet rayonne alors de cette joie spontanée qui déplace les montagnes et franchit les lacs à pied.
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